Apprendre une langue, ce n’est pas seulement maîtriser des mots et des règles : c’est entrer dans une culture, un imaginaire, une manière de voir le monde. Dans un cours de FLE, cette rencontre se joue chaque jour, dans les échanges les plus simples — une expression idiomatique, une blague, un silence. L’interculturalité, souvent citée, rarement comprise, devient alors le véritable terrain d’apprentissage. Un terrain riche… mais semé d’écueils.
Entre deux mondes
L’apprenant de FLE avance toujours entre deux univers : celui de sa langue maternelle, avec ses repères implicites, et celui du français, qui lui propose d’autres codes, d’autres façons de penser.
Entre les deux, il y a parfois un décalage, une incompréhension silencieuse.
Un sourire, une gestuelle, une tournure de phrase peuvent être perçus différemment, voire mal interprétés.
Le rôle de l’enseignant est alors de faire le pont — d’aider à décoder, sans jamais imposer.
Les pièges du malentendu
Les malentendus culturels ne viennent pas d’un manque de connaissance, mais d’un excès d’évidence.
Chaque culture considère certaines choses comme “allant de soi” : la manière de dire non, d’exprimer la politesse, de marquer la distance ou la proximité.
Quand ces évidences se confrontent, le dialogue se brouille.
L’enseignant de FLE devient alors médiateur : il éclaire, il explique, il replace les mots dans leur contexte culturel.
Apprendre à dire “bonjour” en France, c’est apprendre une grammaire du lien social.
L’écoute avant la correction
En classe, il faut d’abord observer avant de corriger. L’erreur linguistique n’est souvent que la surface d’un malentendu culturel. Un étudiant qui paraît “réservé” ne l’est peut-être pas : il applique simplement une norme de respect propre à sa culture d’origine.
Reconnaître cela, c’est éviter les jugements hâtifs, et favoriser un climat de confiance.
Car l’apprentissage d’une langue est aussi une mise à nu : on accepte de se tromper, de ne pas tout comprendre, d’être vulnérable.
La langue comme miroir du monde
Le français véhicule des références, des symboles, des valeurs qui ne se traduisent pas toujours. Parler de liberté, d’ironie, de laïcité, de galanterie — c’est déjà aborder l’histoire, la société, les mentalités.
Pour le professeur de FLE, enseigner ces nuances, c’est inviter à réfléchir à ce qu’est “être français”… mais aussi à ce qu’est “être soi” face à l’autre.
C’est une double découverte, partagée, souvent émouvante.
Un apprentissage réciproque
L’enseignement du FLE n’est pas un transfert de savoir, mais un échange.
Chaque cours devient un espace d’écoute mutuelle, de curiosité, d’ajustement.
L’interculturalité n’est pas un obstacle à franchir, mais une matière vivante à explorer.
C’est ce qui rend ce métier si passionnant : il demande autant d’humilité que de rigueur, autant d’ouverture que de précision.
Et c’est peut-être là que se trouve la vraie richesse de l’enseignement des langues : apprendre à comprendre autrement.
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